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Autonomie

Novembre 2022

Monsieur le Président, cher-e-s collègues, 

Nous ne pouvons que nous féliciter des 100 places d'EHPAD annoncées. Réparties sur l’accueil temporaire et l’accueil de jour, elles vont dans le sens de l’aide au répit, de la prévention, du repérage précoce de la dépendance et de l'ouverture des EHPAD sur la cité.

Mais hélas nous savons tous que cela ne suffira pas. Nous manquons déjà de places sur notre territoire, la situation n’ira pas en s’améliorant quand nous voyons les prévisions démographiques qui sont annoncées. 

Nous voulons répéter ici, notre volonté d’agir, à vos côtés, avec l’appui de tous les élus du territoire -dépassant les clivages politiques, les collectifs de familles, afin d’obtenir auprès de l’ARS les places manquantes.

Rattraper notre retard nous semble primordial, surtout que la nature ayant horreur du vide nous voyons fleurir sur nos cantons des structures privées, qui avancent des approches novatrices, humanistes, financièrement intéressantes… la réalité est tout autre !

Nous en avons parlé en commission mais je voulais profiter d’avoir la parole pour que nous tous ici, soyons informés et que nous puissions alerter les maires morbihannais. 

Alertés sur une résidence de ce type dans notre canton, nous devons être vigilants sur le fonctionnement de l’ensemble des structures du même groupe, qui éthiquement interrogent. 

Elles se présentent comme des colocations pour seniors, solution idéale pour bien vieillir dans un chez soi. Des résidences de 16 places, divisées en 2 maisons qui annoncent une surveillance 24h/24 pour le prix de 2h30 d’aide à domicile par jour.  

Sauf que, peut-être pour remplir ces colocations, on peut y entrer avec une perte d’autonomie équivalente à un GIR 2-3-4 (1 étant le degré le plus élevé).

Pour un prix équivalent à un EHPAD (malgré ce qu’ils annoncent), le service, le soin est tout autre : 4 sonnettes nocturnes par mois, les suivantes sont facturées 15€ par sonnette. L’accueil de votre animal vous coûtera 84€ par mois (sans soins et sans nourriture) … ce ne sont que 2 exemples parmi d’autres. 

Les documents distribués au personnel arrivant, manuels de savoir-faire et de savoir-être sont très infantilisants.

Les courriers envoyés aux élus par la direction presque tout autant, aucune remise en question de leur part. 

Ces structures se cachent derrière le statut de domiciles pour ne pas répondre à certaines obligations qui me paraissent pourtant évidentes quant à l’accueil de personnes âgées. (On parle par exemple du circuit du médicament). 

N’oublions pas que derrière ces structures se cache le groupe Korian qui n’a pas grand-chose à envier à son concurrent Orpéa. Le Sénat vient de donner son feu vert au renforcement des pouvoirs de contrôles et de sanctions des ARS et des corps d’inspections sur les établissements de personnes âgées. J’ose espérer que ces contrôles concerneront toutes les structures accueillantes et pas que les EHPAD. 

Face à ces risques, soyons innovants, en lien avec l’Etat, les ARS. Ne pourrions-nous pas créer une structure de contrôle et d’interventions, qui à l’image de la PMI pour l’enfance, interviendrait dans toutes structures, qu’elles soient publiques, privées, associatives et à domicile ? 

Dans le Télégramme du 25/06 dernier, édition des Côtes-d’Armor, nous pouvions lire que la filiale de Korian a ouvert 170 résidences partagées en France et souhaite en développer 300 en 2023. Les Côtes-d’Armor ont interrogé la question du libre choix, se sont inquiétés du reste à charge élevé pour les familles et l’accessibilité de ce type d’habitat à la population de leur département (souvent construites en zones rurales, où les retraites ne sont pas forcément élevées). Le Finistère a quant à lui essayé de faire évoluer le cahier des charges des structures existantes. 

Et vous Monsieur le président, que proposez-vous ? 

Je vous remercie.

Marie LE BOTERFF