Revenir au site

Discours de politique générale - Décembre 2023

 

Monsieur le Président, chers collègues,

> International (Moyen-Orient, Ukraine, COP 28)

En cette fin d’année, la triste situation internationale, nous a amené à proposer 2 vœux en fin de session. Le premier concerne la guerre en Ukraine et l’arrivée de l’hiver, le deuxième sur la guerre entre Israël et le Hamas et le dramatique blocus de la bande de Gaza.

L’actualité internationale a également été marquée, il y a quelques jours, par l’accord arrêté lors de la COP 28 de Dubaï. Nous retenons que celui-ci mentionne pour la première fois l’objectif de la sortie des énergies fossiles, dont l’utilisation a généré 75% de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’accord inscrit également un objectif de triplement de la production d’énergies renouvelables d’ici 2030.

Bien sûr, on est encore loin du compte, il faut passer de ces promesses à des réelles actions, on est loin encore d’atteindre l’objectif majeur de 1,5°, on peut même se dire que cet objectif ne sera pas tenu mais il est primordial de s’en éloigner le moins possible pour éviter de jouer la survie de l’humanité à la roulette russe. Nous ne pouvons que regretter l’absence de date de sortie définitive du pétrole ou le fait que le gaz soit considéré comme une énergie de transition.

Dans cet esprit, au niveau local, nous saluons votre décision concernant la RD 775 autour de la Vraie-Croix. Nous avons bien compris que ce n’étaient pas exactement les raisons écologiques qui ont guidé votre choix. Mais, Monsieur le Président, nous redisons, le monde change, nous devrions en réalité revoir chacun des projets d’aménagements surtout ceux décidés il y a bien longtemps au vu de cette urgence climatique. Nous avons besoin que notre collectivité fasse davantage évoluer son logiciel en matière de route et de mobilités.

Nous ne pouvons faire l’impasse sur l’ambiance nationale ; il y a 3 jours, avait lieu l'examen sur le projet de loi immigration. Le texte présenté et voté par les parlementaires reprend toutes les mesures des élus LR ouvertement inspirées du RN, agitateur de passions haineuses non fondées sur la réalité.

La réalité, qu’elle est telle ? La France ces dernières années représente 4% des flux migratoires à l’échelle européenne, alors que nous représentons 15% de la population. Comment peut-on faire croire qu’il y aurait un sujet d’un pays trop généreux attirant des étrangers voulant absolument s’établir dans ce pays mirifique ? Les chiffres démontrent que ce n’est pas le cas. Cette histoire d’appel d’air est une fake news agitée depuis toujours par l’extrême droite et reprise depuis quelques années par une droite qui se radicalise et s’éloigne de la fameuse droite gaulliste dont on entend régulièrement parler ici.

D’ailleurs, c’est bien à ce titre que Jimmy PAHUN a voté contre cette loi. Je le cite : « Je ne voulais pas apporter ma voix au Rassemblement national », « j’ai été élevé par un père gaulliste et des lignes très claires ».

On nous rabâche également qu’il faudrait répondre à cette demande exprimée par les Français : pourtant, si 60% des Français considèrent qu’il y a trop d’immigrés dans notre pays, cette proportion est en baisse continue depuis 10 ans, ils étaient 69% en 2014. D’ailleurs, ici on a régulièrement entendu qu’il fallait du courage politique et ne pas céder à la facilité, aux sondages d’opinions, je pense notamment à la réforme des retraites largement rejetée par les Français en son temps.

Tout cela trahit les valeurs républicaines et humanistes que nous devrions tous partager, au-delà de nos appartenances politiques. La préférence nationale, l'empêchement des étudiants de venir étudier en France, les quotas migratoires, le délit de séjour irrégulier, la fragilisation du droit du sol…

Tout cela est une défaite morale et idéologique, il ne s'agit pas de gauche ou de droite mais d'adhésion aux valeurs républicaines, de ce qui fonde notre nation, ses valeurs.

Que dire de la promesse de faire barrage au Rassemblement National ? lutter contre les idées du RN en adoptant leurs mesures, ça pourrait faire sourire si ce n’était pas grave. Mais pire, vous préparez son arrivée au pouvoir, vous validez son programme, le pire qui soit, celui qui fonde son identité, la question migratoire.

Vous préparez son arrivée au pouvoir : qui demain viendra faire barrage au second tour ? Pensez vous qu’il nous soit possible pour nous membre de la gauche et des écologistes demain d’appeler à voter pour la droite contre l’extrême droite ?

Le bon sens et l'humanité voudraient que l’on accueille dignement. Ce serait l'intérêt commun, sur le plan de la santé, sur le plan économique, sur le plan social et éducatif.

La loi immigration qui a été adoptée emmène notre société plus loin encore dans la voie de la suspicion, de l'inégalité et de la fragilisation. Loin de résoudre le moindre problème, elle nourrit, par ses présupposés insidieux, le poison du racisme et de la haine mutuelle.

Notre société n'est pas malade de l'immigration ; elle est malade d’inégalités croissantes, d’un ascenseur social en panne. C’est à cela que nous devrions nous atteler par à désigner des boucs émissaires celles et ceux qui sont déjà les plus fragilisés de notre société.

Notre collègue Catherine QUERIC développera tout à l’heure sur des conséquences au niveau départemental.

> Indicateurs sociaux : le Département n’est pas au rendez-vous

Plusieurs indicateurs de la santé sociale de notre département doivent nous préoccuper. Nous souhaitons depuis le début de ce mandat, des politiques davantage orientées vers la santé sociale et économique des Morbihannais, plutôt que vers la santé budgétaire de notre Conseil départemental.

Je prendrai 3 indicateurs majeurs de la santé sociale du Morbihan sur lesquels les résultats ne sont pas bons.

Concernant la maison départementale de l’autonomie (MDA), plus de 2 ans après le début de mandat, le compte n’y est toujours pas. Les délais sont encore trop longs : plus de 5 mois. C’est plus long que dans les Côtes-d’Armor ou dans le Finistère (qui a baissé). C’est aussi plus long que la moyenne nationale.

Les difficultés sont-elles conjoncturelles ou structurelles ? D’après l’analyse que nous en faisons, il est nécessaire de renforcer et stabiliser les équipes de la MDA, notamment pour l’instruction des dossiers.

Sur le logement, en particulier le logement social, la situation s’est largement dégradée depuis 2021. Nous avons près de 20 000 demandes actives de logements sociaux en 2023, contre un peu moins de 16 000 demandes en 2021. Évidemment, la situation est difficile partout en France. Mais, elle l’est plus particulièrement en Bretagne, et encore plus en Morbihan où la tension est très forte.

Nous sommes en retard ! Entre 2021 et 2022, en Bretagne, c’est dans le département du Morbihan que la hausse du nombre de logements sociaux a été la moins forte en pourcentage.

Troisième indicateur, la précarité et la pauvreté qui augmentent selon les données de 2021 (dernière année disponible) de l’Insee. Les acteurs sociaux du Morbihan constatent, à la quasi-unanimité, qu’il y a une augmentation de la pauvreté et de la précarité, notamment des jeunes adultes. Nous réaffirmons notre proposition d’allocation pour la jeunesse afin de faciliter l’insertion sociale et professionnelle et nous réaffirmons que c’est une nécessité dans le contexte actuel.

> Où est le mandat du social ?

Monsieur le Président, avec votre exécutif, vous nous avez entendu sur certains points, je pense notamment :

- Au Fonds de solidarité pour le logement (FSL) dont nous parlerons tout à l’heure. Nos demandes de réévaluation des barèmes et du niveau d’aide ont été écoutées.

- Le bonus pour la transition écologique aux communes, c’est une avancée que nous avons proposée.

Nous voyons aussi les efforts qui sont fait par le département pour accompagner les EHPAD de notre département pour leur permettre d’équilibrer leur budget.

Cependant, pour que ce mandat soit véritablement celui du social, pour vous paraphraser Monsieur le président, il faudra changer de braquet.

Admettez que la part des dépenses sociales préventives et volontaristes que nous proposons est très marginale dans votre budget. Pourtant nous avons des marges de manœuvre.

Les hausses qui figurent dans votre budget sont essentiellement des dépenses sociales obligatoires. Nous l’avons déjà démontré. Par exemple, sur la partie relative aux personnes en situation de handicap, 90% de la hausse est liée aux prestations d’accueil et d’accompagnement.

Sur la partie relative aux personnes âgées, l’allocation personnalisée d'autonomie (APA) explique près de 80% de la hausse entre le budget primitif 2023 et le budget primitif 2024.

> Schéma des espaces naturels sensibles

Pour terminer, un mot sur le nouveau schéma des espaces naturels sensibles (2024-2035). Nous en parlerons au cours de cette session, c’est dans l’ensemble un bon travail des services, le schéma est de qualité mais pour le mettre en œuvre avec l’ambition nécessaire il manque les moyens humains et financiers.

Pour résumer, nous ne voyons pas de changement de cap, ni de volontarisme social dans ce budget pour l’année 2024.

Nous ne voyons pas le mandat du social.

Nous voyons par contre les indicateurs se dégrader, notre société se déliter, il nous faut réagir.

Damien Girard - Président du groupe de Gauche et Écologiste