Revenir au site

Schéma départemental des mobilités

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous devons décarboner notre mode de vie afin de limiter nos émissions de gaz à effet de serre. 1/3 du bilan national de la dette écologique que nous créons est liée à nos choix de transport, dont plus de la moitié concerne les voitures particulières.

Il nous faudra rouler moins souvent, moins vite et moins longtemps.

Alors comment faire dans un département comme le Morbihan où l'habitat est diffus et où le trajet domicile-travail est plus long que la moyenne nationale qui est de 13,3km ?

L’enjeu est complexe et il faut de la détermination.

Nous saluons le virage qu'il fallait prendre urgemment dans notre département et que nous entamons aujourd'hui avec le vote de ce Schéma Départemental des Mobilités. Le travail majeur des services qui ont rédigés majoritairement ce document marque un changement notable de doctrine, si ce n'est une révolution

Nous ne partions pas de zéro mais tout de même.

Les leviers pour décarboner nos transports sont divers mais nous pouvons en relever 5 principaux :

• Améliorer le taux de remplissage des transports

• Améliorer les reports modaux

• Favoriser les transports énergétiquement efficaces

• Réduire l'intensité carbone des énergies des modes de transport.

• Diminuer la Demande de Transport.

Le schéma des mobilités présenté aujourd'hui aborde peu ou prou tous ces aspects dans le cadre des compétences qui sont les nôtres.

La facilitation du co-voiturage, densificateur de transport en milieu rural, a été entamé il y a de cela plusieurs années et devra être renforcée car c'est l'un des leviers principaux pour lutter contre automobilisme. C'est notamment le cas sur les axes prioritaires qui desservent nos agglomérations et de nos zones industrielles pourvoyeurs principaux d'emploi en Morbihan.

Le travail de concert avec les intercommunalités et la Région pour renforcer les reports modaux autour de l'axe ferré Redon-Quimperlé est tout aussi important que d'améliorer la proposition et la fréquence de ce moyen de transport qui est loin devant l'automobile en termes d'efficacité énergétique au kilomètre parcouru.

En termes d'efficacité énergétique, vous avez mis le cap et relevé le défi de la mobilités cyclables. Vous avez raison et je ne vais pas vous l'apprendre, Monsieur le président, mais le vélo est le transport le plus efficace au kilomètre. L'assistance électrique, si elle améliore cette efficacité, permet surtout d'aller plus loin ce qui est crucial pour rapprocher le travail du domicile.

Donc le schéma cyclable, qui prend place dans ce schéma des mobilités, est un enjeu majeur. Il doit être partagé par toutes les EPCI de notre département au premier rang desquels les agglomérations très urbanisées qui en ont encore plus besoin. Mais il est important que les intercommunalités plus rurales du Morbihan puissent se saisir également du sujet, car le Covid et la crise énergétique ont rebattu sérieusement les cartes du coûts de transport pour aller travailler. Toutes n'en n'ont pas encore pris pleinement mesure mais l'on sent ici que l'on change de braquet.

Nous devons porter dans notre hémicycle un point de désaccord, une orientation à pour le moins renforcer et une alerte.

Le point de désaccord est sans surprise et nous en avions déjà parlé dans cette enceinte. Le passage à 90 km/h ne répond que faiblement à la demande de réduction des temps de trajet. Et surtout il va à l'encontre de l'objectif de réduction d’émission de CO2 et à la baisse des coûts de transport pour nos citoyens. Le modèle alternatif à la voiture en zone rurale à l'habitat dispersé est encore à inventer.

L'orientation que nous aurions déployée, si nous étions à l’œuvre, de manière plus forte est sur l'accompagnement à la nécessaire évolution du modèle pour les classes populaires notamment.

Il nous manque et il manque aux citoyennes et citoyens du Morbihan, le volet animation et de sensibilisation des habitants ; pour que collectivement nous puissions tous franchir la marche colossale qui est devant nous, le levier de la communication, information, éducation aux nouvelles mobilités est central. Le télétravail, le coworking sont déjà à l’œuvre mais il faut le renforcer.

Comme vous le signifier le lien avec nos autres schémas structurants est trop léger.

La mobilité est au cœur de nombreuses autres politiques. L'insertion professionnelle, l'autonomie, les collèges, plus généralement l'aménagement du territoire.

Nous réitérons ici le fait qu'un plan départemental de l'habitat en rapprochant le domicile du travail est vital pour réduire l'usage de la voiture dont nous sommes tous encore trop dépendant.

Enfin une alerte que j'ai déjà portée dans cette enceinte. Les surfaces de foncier disponible en zone naturel, agricole et forestière agitent le Landernau dans toutes les EPCI bretonnes à la suite de la publication la semaine prochaine des droits à construire liés à la loi ZAN. Les surfaces prévues pour les projets routiers qui ne seront pas intégrer dans les projets d'intérêts collectifs impacteront le stock des intercommunalités. La nouvelle approche méthodologique d'évaluation des projets devra prendre en compte de manière impérieuse cet enjeu.

Pour conclure, nous nous félicitons et nous voterons ce Schéma Départemental des Mobilités car les moyens à l’œuvre dans le Plan Pluriannuel d'Investissement et les dispositifs de la Politique de Solidarité Territorial vont faire entrer le département dans une nouvelle aire. Il était temps.

Je vous remercie de votre écoute.

Boris LEMAIRE