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Politique en matière de protection de l'enfance

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Le 19 mars, plus de 200 associations, acteurs de la protection de l’enfance et politiques signent une tribune dans Le Monde sur la détresse des travailleurs sociaux de la protection de l’enfance et par extension, de la situation critique de l’Aide Sociale à l’Enfance. Cette tribune rappelle la souffrance au travail des travailleurs sociaux, les difficultés de recrutement que nous rencontrons également ici dans le Morbihan, les problèmes de formations inadaptées aux nécessités de service, les écarts d’espérance de vie que subissent les enfants de l’ASE faute de soins précoce, le risque plus fort pour eux d’être sans qualification, sans diplôme… On comprend aisément que la souffrance au travail, les bas salaires et les horaires discontinus, les agressions physiques et verbales subies par les personnels du secteur n’aident pas à revaloriser l’image de la filière médicosociale.

Alors évidemment, Monsieur le Président, nous sommes favorables au soutien au projet de la Sauvegarde 56 et à l’ouverture de 6 places d’hébergement temporaire, en complément des dispositifs existants. Mais 6 places, … c’est tellement peu !

Avec nos 70 millions d’euros d'excédent de fonctionnement, ne pourrions-nous pas être plus ambitieux sur la protection de l’enfance ?

Nos voisins des Côtes d’Armor ont ouvert 195 places en 2023, et entendent en ouvrir 100 autres d’ici septembre. Leur budget a augmenté de 30% pour faire face à la crise de l’ASE, quand le nôtre augmente de 10%.

Je sais que vous n’aimez pas la comparaison avec d’autres départements quand elle n’est pas à votre avantage, mais dans le Conseil départemental des Côtes d’Armor, la vice-présidente Cinderella Bernard, à l’enfance et famille est une amie de ma sensibilité… Donc je la cite !

Au niveau national, on observe une augmentation du nombre d’enfants placés et de jeunes majeurs accompagnés; 98 enfants sont en attente de placement dans les Côtes d’Armor, 150 en Ille-et-Vilaine… Qu’en est-il de la situation dans le Morbihan Monsieur le Président ?

En juin nous vous avions alerté sur les difficultés de recrutement d’éducateurs spécialisés et la nécessité d’être plus volontaristes sur le recrutement d’assistants familiaux, dont 20% ont plus de 60 ans et vont donc bientôt devoir être remplacés. Là-dessus encore, où en-est on 9 mois plus tard ? Quelles démarches avons-nous entrepris auprès d’organismes de formation pour s’engager dans une vraie politique de formation qualifiante et diplômante?

Il m’arrive de rêver à un grand service public de protection de l’enfance…

Catherine QUÉRIC