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Discours

de politique

générale

 

Discours de politique générale

Monsieur le Président, Cher-e-s collègues, 

Ma voix portera, aujourd’hui, le discours de politique générale du groupe de gauche et écologiste. 

À moins de 48h du deuxième tour des élections législatives, nous voulons commencer par saluer nos collègues, Damien GIRARD, Rozenn GUÉGUAN, Ronan LOAS, Benoît QUÉRO, qui se sont présentés au suffrage devant les électeurs. Ils contribuent à faire vivre notre démocratie. 

En revanche, Monsieur le président, les propos excessifs et diffamatoires sur les périodes sombres de notre histoire que vous avez eu pendant la campagne correspondent, selon nous, à une manière datée de faire de la politique. Cette façon de faire contribue à la très forte abstention, que nous regrettons tous. Nous pouvons voir sur le terrain que beaucoup de nos concitoyens dans leur galère quotidienne, sont de plus en plus gagnés par le fatalisme et perdent l’espoir de vivre des jours meilleurs, des jours heureux. 

Notre manière de faire de la politique c’est de mettre en débat dans l’assemblée les sujets qui préoccupent les Morbihannais, comme nous l’avons fait pour les domiciles partagés. 

Venons-en aux sujets qui concernent directement le Conseil départemental. Cela fait maintenant une année que notre assemblée départementale a été élue.

Nous avons vécu une première année de mandat marquée par des désaccords et aussi par des sujets sur lesquels nous nous sommes rejoints avec votre majorité. Nous pouvons citer l'aide aux réfugiés ukrainiens ou encore l’aide aux personnes qui accompagnent les personnes âgées et en situation de handicap.

Cependant, face à l’urgence sociale, à l’urgence climatique, notre collectivité met en œuvre des politiques publiques globalement insuffisantes. 

Premier sujet : le logement. Ce problème de logement mine la vie de beaucoup de personnes et freine la vie économique de notre territoire. Des milliers de personnes sont en liste d'attente pour obtenir un logement social. Le logement pour tous est un chantier majeur. Pour nous, une seule priorité : une production ou réhabilitation massive du logement social locatif. D’ores et déjà, nous alertons. Pour financer les constructions, nous devrons vendre, mais soyons très exigeants pour qu’il y ait une destination sociale et servons nous de l’outil qu’est le bail réel solidaire, pour que ces biens restent accessibles au plus grand nombre. 

Vigilance également sur le calendrier des constructions, nous devrons redoubler d’effort pour faire face à la tension immobilière en Morbihan. Le stock de ces biens publics est plus que jamais précieux. Il faut éviter à tout prix qu'il diminue. 

Deuxième sujet : le changement climatique. Après ce mois marqué par de violents orages, des épisodes de grêle, la canicule, derrière la météo nous voyons le changement climatique avancer. L'île de Groix est placée en crise sécheresse, au niveau d’alerte maximal. Sur cette île comme ailleurs dans le Morbihan, les agriculteurs et les éleveurs font face à une perte de leur production.

Nous regrettons dans cette première année de mandat, que la question du changement climatique n’ait pas été véritablement prise en compte. Deux faits viennent illustrer ce constat. L’absence de critères en matière d'éco-conditionnalité ou la mise en place de bonus écologiques dans les subventions qui sont accordées aux communes, comme nous l’avions suggéré. En 2021, nous avions créé exceptionnellement une aide de 50 000€ pour les mairies. Presque toutes les communes du Morbihan (97%) en ont bénéficié et c'est tant mieux. Mais tout en faisant confiance aux élus locaux, nous pourrions avoir une action politique plus écologique. 

A propos de la thématique importante de l’eau. Les retours qui nous sont faits des acteurs de territoires sont clairs : les élus du département du Morbihan sont, dans la grande majorité des cas, absents des instances de gouvernance de l’eau (commission locale de l'eau et SAGE). 

Troisième sujet de préoccupation : l'aide aux plus fragiles. Nous regrettons aussi dans cette première année de mandat que la question sociale soit en partie restée sur le bord du chemin. Vous avez fourni des efforts, mais dans certains domaines cela reste insuffisant. 

Les délais de traitement des dossiers de la MDA sont toujours trop longs. La situation est très urgente pour de nombreuses personnes handicapées.

En termes de prévention et de proximité, malgré les nombreuses interpellations des agents du médicosocial depuis le début de mandat, notre collectivité ne réagit pas. Plusieurs agents sont en souffrance, d’autres ont une perte de sens dans leur travail et observent parfois des dégradations de leurs conditions de travail. Ce qui ne facilite pas le recrutement. D'après les informations que nous avons recueillies, l’écrêtage d’heures supplémentaires et non récupérable représente l'équivalent d’une dizaine de temps pleins, dont nos services et les habitants auraient besoin. 

De nombreux Morbihannais et acteurs du territoire que nous avons rencontrés croient en la capacité du département à faire mieux et à mettre plus de moyens dans les domaines qui en ont besoin. Il ne tient qu’à nous, assemblée départementale, par nos choix politiques de relever ces défis. 

La décision modificative examinée aujourd’hui confirme ce que nous vous reprochons et qui sera visible lors du Compte administratif de l’année prochaine. En décembre, vous nous avez présenté un budget primitif qui minore excessivement les recettes, tout en sachant pertinemment qu’il y aura davantage de marges de manœuvre. Pourtant, un débat autour d’un budget plus sincère permettrait de faire mieux. Ces marges de manœuvre nous permettraient de définir des politiques en réponse aux besoins des habitants, avec une stratégie financière adaptée. 

Sur cet aspect, le département n’est pas stratège. Vous menez une politique budgétariste, avec une vision excessivement comptable de l’action publique. Le résultat est un affaiblissement de certains services publics, qui nous coûte en définitive plus cher. La dépense sociale ne doit pas être vue uniquement comme un coût, mais comme un outil de prévention, de santé, de dignité, d’insertion sociale et professionnelle. 

Notre logique, en élus responsables, devrait être d’analyser un besoin et d’y répondre en mettant les moyens nécessaires. Cela bien sûr avec une dette responsable et avec un niveau d’imposition acceptable. 

Votre esquive qui consiste à citer des départements de gauche dont la situation financière est moins bonne que la nôtre, n’est pas la réponse attendue par les Morbihannais.

Selon les données de la direction générale des collectivités locales, au budget primitif 2021, nous constatons que les 3 départements (hors Métropoles de Lyon et Paris, Corse, Martinique, Guyane) les plus endettés en euros par habitant sont gérés par une majorité de droite depuis plusieurs mandats : Cantal, Corrèze, Hautes-Alpes. L’Ariège dirigé par la gauche fait partie d’un des 3 départements les moins endettés. 

Les trois points que nous venons d’évoquer illustrent selon nous le fait que l’action du Conseil départemental doit être plus volontariste. Les Morbihannais souhaitent une collectivité visible, qui va vers eux. Nous devons être à l’initiative, prendre les devants. L'attentisme face aux personnes en difficultés ou situations complexes n’est pas la méthode à suivre. 

Voilà les propos que nous voulions évoquer en ce début de session, convaincus que c’est dans le débat d’idées que naissent souvent les solutions les plus pertinentes. 

Je vous remercie.

Rozenn MÉTAYER